Il semblerait logique qu'un moyen de transport sur rail coûte bien moins cher qu'un énorme appareil aérien, n'est-ce pas ? Cependant, une étude réalisée par Greenpeace, qui a scruté les tarifs des billets d'avion et des billets de train à travers toute l'Europe, révèle une information troublante : dans la plupart des cas, les billets d'avion sont en réalité bien moins chers que les billets de train pour des trajets similaires.

Cette constatation est d'autant plus préoccupante que nous sommes actuellement confrontés au réchauffement climatique, qui entraîne des changements profonds sur notre planète. Pourtant, malgré la pollution plus importante générée par les vols par rapport aux trajets en train, les tarifs des billets d'avion restent souvent bien plus attractifs.

En moyenne, voyager en prenant le train en France coûte 2,6 fois plus cher qu'en optant pour un vol. C'est une réalité décevante et incompréhensible lorsque l'on considère que, par trajet et par passager, prendre un vol pollue 80 fois plus que de prendre le train, selon les chiffres de l'ONG. Cette moyenne cache même des différences encore plus criantes : par exemple, un aller-retour Paris-Valence en train peut être jusqu'à 12 fois plus cher que le même trajet en avion !

Un exemple flagrant est celui de Londres, parfaitement desservi par l'Eurostar, avec un temps de trajet court pour rejoindre la capitale. Malgré cela, en 2019, 2,1 millions de personnes ont préféré prendre un vol pour se rendre à Londres, très probablement en raison des tarifs moins élevés offerts par les compagnies aériennes.

La France se retrouve en quatrième position parmi les pays européens où la différence tarifaire entre les vols et les trains est la plus élevée, en favorisant ainsi les transports aériens. Pourtant, le réseau ferroviaire du pays est bien développé. Les plus mauvais élèves européens en la matière sont le Royaume-Uni, l'Espagne et la Belgique.

Face à des budgets de voyageurs de plus en plus restreints, il est difficile de lutter contre cette préférence pour les vols, même lorsque l'on souhaite privilégier des moyens de transport moins polluants. En effet, 84 % des 18-34 ans souhaitent une inversion des tarifs entre l'avion et le train, considérant que le train est bien trop cher.

Comment inverser cette tendance ? Greenpeace propose de taxer le kérosène, car le secteur aérien bénéficie d'exonérations de 4,7 milliards d'euros par an en France, en plus d'une TVA réduite et d'autres avantages fiscaux qui créent une concurrence quasi déloyale vis-à-vis du train. Dans le même temps, le milieu ferroviaire doit supporter des droits de péage représentant 40 % du billet, ainsi qu'une taxe de 20 % sur sa consommation d'électricité.

En imposant une taxe sur le kérosène, il serait possible de renflouer les caisses de l'État et de subventionner des tarifs inférieurs pour le train. Cela permettrait de réduire l'empreinte carbone et d'encourager une utilisation plus fréquente des TGV. Il est grand temps d'agir, en espérant que ces mesures ne retomberont pas trop lourdement sur les voyageurs.