Pas besoin d'être un expert pour ressentir l'effet antistress de cette activité aquatique. En réalité, elle peut devenir un véritable traitement contre la déprime et l'anxiété, comme le prouvent des études scientifiques.

Tous les plongeurs, qu'ils soient novices ou expérimentés, le confirmeront : une fois sous l'eau, ils ressentent une réelle détente. Cette sensation apaisante de sérénité se fait ressentir dès la première plongée et perdure même une fois de retour sur terre. Mais pourquoi ? Si les chercheurs n'ont pas encore de réponse définitive, plusieurs hypothèses sont avancées. L'une d'entre elles se concentre sur notre rythme respiratoire.

Sous l'eau, nos inspirations et expirations – également appelées "ventilations" – s'allongent, devenant ainsi plus lentes et amples. Malgré l'effort physique nécessaire pour nager avec des palmes, les plongeurs respirent souvent autour de six à huit ventilations par minute, alors que chez un adulte en bonne santé, ce nombre est généralement compris entre douze et vingt. Cette maîtrise de la respiration, ou "cohérence cardiaque", réactive notre système parasympathique, qui favorise la récupération et le repos (contrairement au système sympathique, qui réagit lors de situations de danger immédiat). Le Dr Mathieu Coulange, chef du service de médecine hyperbare, subaquatique et maritime au CHU de Marseille, explique : "Le système parasympathique est altéré chez une personne stressée, qui a alors rapidement le sentiment de perdre pied, de ne plus pouvoir se ressourcer". Par ailleurs, la pression exercée par l'eau sur le corps joue également un rôle. Elle procure un sentiment de cocon, similaire à celui d'un fœtus dans le ventre de sa mère, mais pas seulement. "L'eau comprime les tissus mous des membres inférieurs et de l'abdomen, entraînant une augmentation de la masse sanguine qui afflue dans les carotides, les artères desservant le cerveau, le cou et le visage, ce qui stimule le système parasympathique", précise le médecin. Une autre explication à l'effet apaisant de la plongée pourrait être l'état de pleine conscience qui se développe naturellement sous l'eau. Dans cet environnement fascinant et nouveau, les plongeurs deviennent très attentifs, éveillant tous leurs sens. En se concentrant sur cette contemplation, ils parviennent à se déconnecter et à chasser les pensées négatives.

Des bienfaits prouvés et durables
Au-delà de la simple perception des plongeurs, le pouvoir anti-stress de la plongée sous-marine a été démontré par une étude scientifique appelée DiveStress. Deux groupes de sportifs amateurs ont été observés avant et après un stage d'une semaine à l'UCPA dans le superbe cadre des Calanques. L'un pratiquait l'escalade et le kayak, l'autre la plongée à faible profondeur (accessible aux débutants, à moins de 20 mètres). Après leurs vacances, le niveau de stress avait diminué chez tous les participants. "Mais chez les plongeurs, la qualité du sommeil, le niveau de stress et la capacité à gérer l'imprévu étaient meilleurs", rapporte le Dr Coulange. Leurs fréquences cardiaques, un indicateur du bon fonctionnement du système parasympathique, avaient également baissé après les séances. Ces bienfaits, mesurables dès la sortie de l'eau, ont perduré pendant au moins un mois.

L'efficacité de la plongée sous-marine contre le stress post-traumatique
La pratique subaquatique se révèle être un précieux allié pour les personnes souffrant de stress post-traumatique, qu'il s'agisse d'accidents graves, d'agressions ou d'autres expériences traumatisantes. Une étude nommée DiveHope, réalisée auprès des victimes des attentats parisiens de 2015, a démontré que la plongée peut avoir des effets bénéfiques considérables dans ces cas-là. Une quarantaine de personnes en difficulté malgré une prise en charge classique ont eu la chance de voyager en Guadeloupe, où elles ont pu se retrouver dans un environnement idéal pour se déconnecter : un climat clément, une faune et une flore extraordinaires, des eaux chaudes et transparentes. Certains participants ont opté pour des activités sportives terrestres et des excursions variées, tandis que d'autres ont choisi la plongée sous-marine, avec une sortie par jour pendant dix jours. Chaque immersion incluait les moments habituels de contemplation, combinés à des exercices de sophrologie et de méditation. Les résultats ont été époustouflants : "Sur les dix-huit plongeurs, dix-sept sont passés sous le seuil du stress post-traumatique", se félicite le Dr Coulange. Ces bienfaits ont perduré pendant au moins un mois après l'expérience et ont continué à être présents jusqu'à trois mois après. En revanche, ceux qui étaient restés sur terre n'ont pas constaté de changement significatif. À leur retour en métropole, certains ont testé le protocole de "plongée améliorée" à Marseille, avec des résultats positifs, démontrant ainsi que la température de l'eau n'était pas en cause.

Des résultats qui surpassent ceux des anxiolytiques
La plongée sous-marine est une véritable solution pour apaiser les esprits les plus tourmentés. Dans le cadre d'une expérimentation menée à Malte en 2018, une équipe dirigée par le Dr Coulange a fait plonger des militaires de l'armée de terre souffrant de stress post-traumatique, parfois même blessés physiquement, et les a initiés à la visualisation-méditation sous l'eau. Les résultats ont été extrêmement positifs sur leur santé mentale, leur qualité de vie et de sommeil, ainsi que sur leur réinsertion sociale. Certains ont pu reprendre une vie sociale, tandis que d'autres ont trouvé un nouvel intérêt dans la plongée. Cela a été un début de retour à une vie normale après l'échec des traitements habituels. Autrefois, la plongée était interdite aux personnes dépressives ou sous anxiolytiques, mais les recherches ont prouvé que cette interdiction était infondée. Non seulement la plongée est sans danger si elle est encadrée, mais elle est également devenue un élément essentiel du traitement des troubles anxieux. Le Dr Coulange souligne que "l'adaptation de la pratique, par exemple en limitant la profondeur, est suffisante". En fait, la plongée pourrait même être une solution au burn-out. Une étude est en cours auprès des soignants qui refusaient jusqu'à présent de consulter. Le premier enseignement est clair : tous préfèrent la plongée (dix séances sur trois mois) au suivi hospitalier, laissant ainsi entrevoir la possibilité d'une prise en charge.

La plongée pour une meilleure récupération après la maladie
La plongée sous-marine suscite de grands espoirs en tant que moyen d'améliorer la santé mentale des personnes après un cancer. L'oncologue Elisabeth Carola, elle-même plongeuse et exerçant au Groupe hospitalier public sud de l'Oise, a pris l'initiative de prescrire à ses patientes, après un cancer du sein, une série de dix séances de plongée, dont une en milieu naturel. Bien que l'étude pour évaluer les effets positifs de cette "cure" soit en attente, on sait déjà que la moitié des femmes qui l'ont suivie s'y sont réinscrites. En réalité, la plongée en tant que "sport santé" est accessible à tous ceux qui cherchent à se remettre psychologiquement d'une maladie.

Cependant, avant de se lancer, il est impératif d'obtenir un certificat médical et de demander l'avis d'un spécialiste (oncologue, psychiatre...), voire d'un médecin fédéral (membre de la Fédération française d'études et de sports sous-marins, FFESSM), d'un médecin du sport ou d'un médecin hyperbare, qui évaluera le rapport bénéfice-risque individuellement. De plus, la pratique de la plongée doit être encadrée par un moniteur, idéalement un éducateur sportif formé au "sport santé". La séance combine alors la plongée traditionnelle à des techniques de relaxation. Il est conseillé de se renseigner auprès d'organismes de formation comme la FFESSM (rechercheclub.ffessm.fr) ou la société Bathysmed (bathysmed.fr, rubrique "où plonger"). En somme, la plongée doit être réalisée dans un cadre calme et serein, de manière personnalisée.